MoDem: Bayrou risque se retrouver très seul à l'Assemblée
François Bayrou risque de se retrouver très seul à l'Assemblée nationale à l'issue des législatives, baptême du feu implacable pour son nouveau Mouvement démocrate, qui reporte ses espoirs sur les élections cantonales et municipales de 2008.
Le fondateur du MoDem, arrivé largement en tête dans les Pyrénées Atlantiques devant ses adversaires UMP et PS, devrait être réélu sans problème, d'autant plus que le parti majoritaire a décidé de retirer son candidat, évitant ainsi une triangulaire.
Mais les autres députés du MoDem devraient se compter sur les doigts d'une main: les instituts de sondages tablent sur quatre élus au mieux (deux ou trois selon Ipsos).
Parmi les six candidats MoDem restant en lice (sur 535 au premier tour), Jean Lassalle, rendu célèbre par sa grève de la faim au Palais Bourbon contre le départ d'une entreprise implantée dans son canton, espère sauver son siège à l'issue de la seule triangulaire du scrutin.
En Ille-et-Vilaine, Thierry Benoit, qui affrontera l'ancienne ministre de Jean-Pierre Raffarin Marie-Thérèse Boisseau (UMP), est un jeune espoir du MoDem. C'est l'un des trois candidats qui peut bénéficier de l'appel implicite de François Hollande à voter MoDem là où la gauche a été éliminée.
Jean-Christophe Lagarde, député UDF sortant de Seine-Saint-Denis, est pour sa part bien placé devant son adversaire communiste. Mais bien qu'investi par le MoDem, il est très critique de M. Bayrou et refuse de dire s'il siègerait avec lui ou avec le Nouveau Centre (UDF ralliés à Nicolas Sarkozy).
Contrairement au Nouveau centre, qui devrait avoir une vingtaine de députés, le MoDem ne sera pas en mesure de constituer un groupe parlementaire, synonyme de temps de parole, moyens matériels et représentation à l'Assemblée.
M. Bayrou est donc confronté à la perspective d'une nouvelle traversée du désert malgré son score de 18,57% à la présidentielle, un paradoxe découlant notamment du mode de scrutin, qui amplifie la représentation du parti majoritaire.
Ses proches cependant relativisent: "vu la chambre bleu horizon qui se profile, et le nombre de leaders nationaux pouvant être battus à gauche, l'Assemblée nationale va perdre de sa résonnance en terme de débat politique", pronostique Eric Azière, chargé des élections et des fédérations à l'UDF-MoDem.
Selon lui, "le débat va se déplacer sur le terrain et dans les médias".
M. Bayrou et ses fidèles tenteront donc de s'y faire une place, tout en s'employant à faire vivre leur nouvelle formation, dont le Congrès constitutif est prévu à l'automne.
Ils revendiquent 78.000 demandes d'adhésions pour le MoDem, dont 42.000 confirmées à ce jour, davantage que le nombre d'adhérents de l'UDF à son dernier Congrès (31.000 en janvier 2006).
"L'engouement pour rejoindre la démarche de François Bayrou est intact", affirme M. Azière.
Ayant analysé les résultats du MoDem, il souligne que ses candidats ont réalisé de bons scores à Paris (12,5% en moyenne) et dans de nombreuses villes, et se projette sur les élections cantonales et municipales de 2008.
"On a les moyens d'enraciner le MoDem", affirme-t-il. "On devrait faire une tonne d'élus locaux dans les prochains scrutins. C'est là que commence le socle électoral d'une formation politique".
A partir de là, M. Bayrou aura quatre ans jusqu'à la présidentielle de 2012, pour construire le centre "indépendant" qu'il appelle de ses voeux.
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