La fin du samedi travaillé annonce une réforme de l'école primaire
La suppression, à la rentrée 2008, des cours du samedi à l'école primaire est "la pierre angulaire" d'une réforme d'ensemble qui sera dévoilée à la fin octobre, a fait savoir le ministre de l'éducation, Xavier Darcos. L'affirmation peut surprendre, concernant la seule réduction de deux heures hebdomadaires (en moyenne sur l'année) de l'horaire des élèves, qui passera de 26 à 24 heures. M. Darcos a pourtant enclenché une série d'effets en cascade, susceptibles de bouleverser la scolarité primaire.
Après les annonces, la mise en oeuvre de la réforme doit être précisée. Sa complexité tient au fait que la semaine de classe des enseignants (26 heures devant les élèves et une heure de concertation) sera plus longue que celle des écoliers. "Nous tournons tout dans tous les sens", indique Gilles Moindrot, secrétaire général du SNUipp-FSU, syndicat majoritaire du primaire, qui doit être reçu lundi 8 octobre par M. Darcos. Le syndicat réclame "maintenant, une réelle consultation". Selon lui, "beaucoup de pistes peuvent être ouvertes".
Les adultes trouvent leur compte dans la réforme. Un sondage réalisé les 26 et 27 septembre à la demande du ministère montre une approbation par 77 % des parents d'élèves. Les enseignants sont plus partagés, mais pas fâchés de libérer leur samedi matin.
"OBJECTIFS DE SIMPLIFICATION"
Et l'intérêt des enfants ? Les appréciations divergent. Les spécialistes des rythmes scolaires objectent que deux jours pleins sont une coupure trop longue du point de vue des apprentissages. Le ministre rétorque qu'avec les aménagements déjà pratiqués çà et là, "on ne s'y retrouve plus" et que les élèves sont "surchargés" : 936 heures de classe par an en France, contre 800 en moyenne en Europe. La mesure les fera baisser à 864 heures. Les élèves "feront" 24 heures par semaine, les enseignants en devront toujours 26 devant leur classe.
Les deux heures libérées seront consacrées aux 15 % d'élèves le plus en difficulté, a assuré M. Darcos. Mais comment s'y prendre ? Les élèves en difficulté supportent déjà avec peine une journée ordinaire. Leur infliger une "rallonge" est problématique. Et les prendre à part, en petits groupes, sur le temps scolaire normal, suppose un bouleversement des habitudes : par exemple, des échanges entre classes d'une même école, ou entre écoles voisines, en jouant sur les décalages d'emplois du temps. "Il faut discuter de tout cela", conviennent aussi bien le ministre que les syndicats de l'éducation.
En principe, la suppression du samedi n'est pas une façon camouflée d'économiser des postes. "Cela ne modifie pas le nombre de classes, ni le nombre d'enseignants", observe M. Moindrot. Les syndicats s'inquiètent quand même du sort des réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased) et demanderont des garanties à cet égard.
Enfin, la réduction horaire doit aboutir à un ajustement des programmes. M. Darcos a commencé à ouvrir cette autre boîte à réformes, en annonçant qu'il... annoncera fin octobre des "objectifs de simplification". Résultat : tous les dossiers sont ouverts.