pour "constater" le changement
Le ministre français du Développement durable Jean-Louis Borloo, accompagné des grands noms de la climatologie française, se rend lundi en voyage éclair au Groenland, où la température moyenne s'est réchauffée deux fois plus vite que sur le reste du globe en cent ans.
Le ministre, qui entend prendre ainsi la mesure du changement climatique et en "constater" les effets, ira jusqu'au glacier Kangerlua, dans le fjord d'Ilulissat, à plus de 200 kilomètres au nord du cercle polaire sur la côte ouest du Groenland.
Ce glacier, devenu le grand témoin du réchauffement, a reçu ces derniers mois les visites de la chancelière allemande Angela Merkel, du président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso ou de la présidente démocrate du Congrès américain, Nancy Pelosi.
Le Fjord d'Ilulissat (plus de 40.000 ha) a été classé au patrimoine mondial de l'humanité en 2004. Etudié depuis plus de 250 ans, notamment par les expéditions de Paul-Emile Victor, le site a permis d'enrichir la compréhension du changement climatique et de la glaciologie de la calotte glaciaire.
Le ministre, qui a affrêté l'Airbus présidentiel, sera notamment accompagné des climatologues Hervé Le Treut et Jean Jouzel et du glaciologue Gérard Ancellet, ainsi que de Jean-Louis Etienne et du photographe Yann Artus-Bertrand pour une escapade de 24 heures que les défenseurs de l'environnement jugeront coûteuse en carbone, compte tenu des émissions de CO2 (l'un des principaux gaz à effet de serre) dégagées par les vols de l'aviation civile.
Les Verts ont en effet noté lundi que le voyage de M. Borloo "aura été un bel exemple de transport le plus coûteux qu'il soit en matière d'émission de CO2".
Ils ont également jugé "grotesque" ce voyage-éclair du ministre de l'Ecologie pour "constater" les effets du réchauffement climatique, soulignant que le problème est connu et que "l'heure est à l'action plus qu'au constat".
Dans un communiqué, les Verts estiment que le ministre aurait plutôt dû effectuer "un voyage jusqu'au bureau d'Anne-Marie Idrac, présidente de la SNCF".
"En effet, en matière climatique, M. Borloo avait toutes les raisons de s'inquiéter de la fermeture annoncée de 262 gares de ferroutage et de l'augmentation déguisée des tarifs de billets de trains", ajoutent les Verts. La SNCF doit dévoiler mardi sa nouvelle grille tarifaire.