Le parti nationaliste Istiqlal, qui fait partie de la coalition sortante, est arrivé en tête des élections législatives marocaines de vendredi, mais l'opposition islamiste accuse certains adversaires d'avoir utilisé "de l'argent".
L'Istiqlal (Indépendance) a obtenu 52 sièges, devant le Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste modérés) avec 47 sièges, a déclaré le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa.
Selon des observateurs internationaux, le scrutin s'est déroulé en bon ordre même si des irrégularités isolées ont été constatées.
Le principal parti islamiste légal du royaume, qui a fait campagne sur le thème de la lutte contre la corruption, espérait devenir la première formation à la Chambre des représentants.
Mais il a dû déchanter après la fermeture des bureaux de vote, accusant ses adversaires de fraudes.
"L'argent sale a coulé à flots dans le système électoral. Nous en avons la preuve et nous le contesterons", a déclaré à ses partisans le numéro deux du PJD, Lahcen Daoudi. "Ce n'est pas simplement triste pour nous, ça l'est aussi pour la démocratie marocaine", a-t-il ajouté.
La chambre sortante était dominée par les deux principaux parti laïques, l'Union socialiste des Forces populaires (USFP, socialiste) et l'Istiqlal (nationaliste), qui disposaient respectivement de 50 et 48 sièges.
L'USFP, qui espérait que les électeurs approuveraient les réformes économiques et sociales prudentes du gouvernement de coalition sortant, essuie un cinglant revers en reculant de premier à cinquième groupe à l'assemblée.
Pour ces deuxièmes élections législatives depuis l'arrivée sur le trône de Mohammed VI, il y a neuf ans, 33 partis et des dizaines d'indépendants briguaient les 325 sièges de la chambre basse.
ABSTENTION RECORD
Quels que soient les résultats du scrutin, ils ne modifieront pas en profondeur une société profondément traditionaliste où, bien qu'affichant son modernisme, le roi veille à conserver ses pouvoirs politiques et religieux étendus.
Le système électoral complexe en vigueur au Maroc rend en outre pratiquement impossible à un seul parti de disposer à la Chambre d'une majorité absolue.
Les chiffres provisoires ont fait apparaître un taux de participation qui n'a jamais été aussi bas, avec 37%.
Washington suit de près le scrutin en espérant y puiser la preuve que sa campagne pour la démocratie au Proche-Orient et en Afrique contribue à réduire le soutien à l'extrémisme islamiste.
Mais de nombreux électeurs semblaient davantage préoccupés par la corruption et par la pauvreté que par la religion et le scrutin a été marqué par un taux d'abstention record.
Le Mouvement Populaire (libéral conservateur) et le Rassemblement national des Indépendants (RNI) ont obtenu respectivement 43 et 38 sièges, contre 36 seulement pour l'USFP, principal partenaire de coalition de l'Istiqlal.
Le reste des sièges se partagent entre différents petits partis et des dizaines de candidats indépendants, parmi lesquels Fouad Zli el Himma, ancien vice-ministre de l'Intérieur, qui a renoncé à son poste le mois dernier pour se présenter aux élections.
Le ministre Benmoussa a souligné que les résultats étaient provisoires et qu'ils pourraient changer d'ici la proclamation des résultats officiels, dimanche soir.