Pierre Bodein alias Pierrot le fou

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Le procès de Pierre Bodein s’est ouvert mercredi matin, à 11 heures, devant la cour d’assises du Bas-Rhin. Le multirécidiviste, âgé de 59 ans, s’est assis sur une chaise dans le box des accusés, vêtu d’une veste sombre et d’une chemise blanche. Il a les cheveux poivre et sel, longs dans la nuque, un peu ébouriffés.

On l’accuse de trois meurtres commis en juin 2004, dont deux précédés de viols commis sur des jeunes filles de 10 et 14 ans. Au moment des faits, Pierre Bodein était en liberté conditionnelle.

Quand le président lui demande de se présenter, celui que l’on surnomme Pierrot le fou parle d’abord dans le vide. Le micro ne marche pas. Puis on l’entend clairement : « Je m’appelle Pierre Fernand Bodein. Avant, j’étais maçon, coffreur, peintre, musicien, et maintenant je suis handicapé à 80 % », dit-il d’une voix chevrotante.

Plus tard, alors que le président lui demande son avis sur une demande de renvoi du procès formulée – sans succès - par la défense, il commence à plaider sa cause : « On m’a traîné dans la boue, on m’a médiatisé comme un tueur en série… ». Depuis le début de l’affaire, Bodein nie toutes responsabilité, malgré les preuves génétiques qui l’accablent.

Avec lui comparaissent 16 personnes, membres de deux familles de vanniers, ou yénisches, des gens du voyages sédentarisés originaires d’Alsace. Elles sont suspectés de divers degrés de complicité ou de non-dénonciation de crime dans l’un des trois meurtres reprochés à Bodein.

Quatre de ces accusés, dont l’un était mineur au moment des faits, risquent trente ans de réclusion. Un cinquième encourt la perpétuité, comme Pierrot le fou. Le procès, qui doit durer trois mois, est placé sous haute surveillance, avec déploiement des policiers d’élites du GIPN, qui encadrent le principal suspect et le banc des parties civiles. A 13 heures, les débats n’étaient pas encore ouverts, le tribunal entamant à peine le tirage au sort des jurés.

LIBERATION , mercredi 11 avril 2007

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Pierre Bodein de nationalité française, né le 30 décembre 1947 à Obernai, onzième enfant d'une fratrie de seize, surnommé «Pierrot le fou» est un criminel multirécidiviste qui alterne depuis 1969 séjours en hôpital psychatrique et en prison. Son casier judiciaire fait état de 5 condamnations notamment pour des vols avec violence.

En février 1996, la cour d'assises du Bas-Rhin le condamne à 28 ans de réclusion criminelle (réduits ensuite à 20 ans en Cassation). Il bénéficie de la liberté sous contrôle judiciaire depuis mars 2004 en raison de sa bonne conduite, de ses années de détention provisoire, de confusions de peines et de remises de peine automatiques.

Quatre mois plus tard, il est de nouveau derrière les barreaux accusé de séquestrations, viols et meurtres sur Jeanne-Marie Kegelin, 11 ans, Julie Scharsch, 14 ans, et d'Hedwige Vallée, 38 ans. Il nie et se défend avec finesse mais les preuves génétiques sont formelles. Son procès aux assises s'est ouvert à Strasbourg le 11 avril 2007 dans une salle annexe du Tribunal spécialement aménagée pour l'occasion. Le verdict est attendu début juillet. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Perpétuité pour Pierre Bodein, ses coaccusés acquittés
STRASBOURG (AFP), 18:45 © AFP

Le multirécidiviste Pierre Bodein, escorté par des membres du GIPN, sort du tribunal de Grande Instance de Strasbourg, le 11 juillet 2007Au terme de trois mois de procès, la Cour d'assises du Bas-Rhin a condamné mercredi Pierre Bodein, dit "Pierrot le fou" à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 30 ans incompressible, pour trois meurtres d'une violence extrême, deux viols et deux tentatives d'enlèvements.

A l'issue d'un délibéré de plus d'une journée, les jurés se sont conformés aux réquisitions du ministère public qui avait réclamé une "peine de retrait de la société".

Ils ont en revanche acquitté ses 16 coaccusés, issus de deux clans de vanniers. Poursuivis pour complicité dans l'enlèvement et le meurtre de la petite Jeanne-Marie Kegelin, 10 ans, tuée sauvagement en juin 2004, ils ont été immédiatement libérés.

Bodein, multirécidiviste de 59 ans, est resté impassible à l'énoncé de sa peine, la plus lourde prévue dans le code pénal. Il a été reconnu coupable du meurtre d'Hedwige Vallée, 38 ans, et des meurtres et viols de Jeanne-Marie Kegelin et Julie Scharsch, 14 ans. Il a également été condamné pour deux tentatives d'enlèvements.

Eventrés et partiellement dénudés, les trois corps avaient été retrouvés après d'intenses recherches dans des cours d'eau situés des environs d'Obernai (Bas-Rhin).

Bodein avait été rapidement interpellé, confondu par des témoignages et par des empreintes génétiques des victimes retrouvées dans sa voiture ainsi que sur des couteaux lui appartenant.

"Pierre Bodein devait être défendu (...) Je l'avais préparé psychologiquement à ce verdict, il ne s'attendait pas à l'acquittement", a expliqué son avocat, Me Marc Vialle.

Bodein "m'a donné mandat pour interjeter appel, quant à savoir si je vais continuer à le suivre, c'est une autre histoire", a-t-il ajouté.

"Nous sommes très satisfaits (...) J'espère qu'il ne sortira pas, même en appel. On ne peut pas continuer comme ça, laisser des gens qui tuent et rendent des familles malheureuses", a expliqué Gabrielle Vallée, la mère d'Hedwige.

Me Thierry Moser, avocat de la famille de Julie Scharsch, a exprimé sa "satisfaction parce que Bodein a été condamné à la peine maximale". "Mais c'est en même temps un sentiment de déception car il ne nous a pas livré d'aveux, il ne nous a pas dit comment Julie était morte".

Tout au long du procès, les avocats des vanniers avaient souligné l'absence de charges matérielles contre leurs clients et la fragilité des témoignages contre eux.

Plusieurs enquêteurs ainsi qu'une des deux juges qui avait instruit le dossier Bodein pendant deux ans, étaient également venus à la barre dire leurs doutes quant à la culpabilité des vanniers.

Ces derniers ont exprimé leur soulagement à l'énoncé du verdict, échangeant des poignées de mains avec leurs avocats, également très émus.

Balthazard, contre qui 10 ans de réclusion avait été requis, a laissé éclater sa joie : "j'avais peur, c'est un très grand soulagement, les trois mois de procès, ça a été très dur", a-t-il déclaré. "J'étais innocent, en tôle pendant deux ans et demi", s'est-il encore exclamé.

"Je suis heureux, la justice a été rendue (...) Le coupable a été condamné et les innocents acquittés", a commenté son avocat, Me Olivier Zaiger.

"Les Kegelin ont le sentiment que leur fille a été assassinée parce que Pierre Bodein a été libéré trop tôt", a toutefois tempété leur avocat Me Wallerand de Saint Just.

"Nous avons la conviction que les Fuhrmann et les Remetter étaient coupables (...) On a acquitté d'un trait de plumes 16 personnes que tout accuse", a-t-il ajouté.

Une dernière audience doit être consacrée jeudi aux intérêts civils.