Fillon lance depuis son fief "la bataille" pour les législatives
Le Premier ministre François Fillon a lancé samedi la campagne de l'UMP pour les législatives de juin depuis son fief, la 4e circonscription de la Sarthe, où il a été candidat -avec succès- à chaque scrutin depuis 1981.
"Cette bataille des législatives, il ne faut pas la sous-estimer. Rien ne serait pire que de relâcher nos efforts, rien ne serait plus dangereux que de se montrer présomptueux. Rien n'est gagné", a-t-il lancé aux quelque 300 militants et sympathisants UMP venus le soutenir à Brûlon, un petit village de la circonscription.
M. Fillon a insisté sur le fait que les élections des 10 et 17 juin étaient une "étape préalable" à la mise en oeuvre du projet du nouveau président Nicolas Sarkozy.
Sans majorité à l'Assemblée nationale, "rien de ce que nous avons promis ne pourra être réalisé, aucun de nos espoirs ne pourra être concrétisé et alors nos rêves d'une France plus forte, plus grande, plus généreuse s'évanouiront", a mis en garde le tout nouveau locataire de Matignon.
Dans les prochaines semaines, M. Fillon a prévu de s'engager très activement dans la campagne. Lundi matin, il réunira l'équipe dirigeante de l'UMP pour les législatives, mardi, il recevra les parlementaires de la majorité présidentielle et mercredi, il est attendu à Marseille pour soutenir les candidats UMP des circonscriptions des Bouches-du-Rhône.
Selon un responsable UMP de la Sarthe, il ne va pas non plus négliger son propre fief où il a décidé "cette semaine" de se représenter. S'il y a toujours été aisément élu, la bataille pourrait être plus serrée que d'habitude, M. Sarkozy ayant réalisé seulement 50,3% dans la 4ème circonscription au second tour de la présidentielle.
M. Fillon aura le même adversaire principal qu'en 2002, le socialiste Stéphane Le Foll, enfant du pays et bras droit du patron du PS François Hollande, qui entend conférer un enjeu national à ce duel du sud-ouest de la Sarthe. En 2002, M. Fillon l'avait battu dès le premier tour (55,21%).
"Je vais faire campagne contre le Premier ministre, contre celui qui incarne la politique qui sera menée pendant cinq ans", a prévenu samedi M. Le Foll, lui aussi présent dans la circonscription sans croiser son rival.
Le chef du gouvernement a pour sa part souligné qu'il n'avait "aucune raison de prendre ce risque", mais que "chacun doit s'engager dans cette bataille et le premier qui doit s'engager, c'est moi".
"Ma légitimité dépend d'abord du président de la République qui m'a nommé, mais elle dépend aussi du suffrage universel. Le Premier ministre doit d'abord être un élu du peuple", a-t-il affirmé devant les militants sarthois, dans une nouvelle pique contre son prédécesseur Dominique de Villepin, jamais élu.
"S'il ne passe pas au premier tour, ce sera un échec pour lui", a affirmé un cadre local de l'UMP.
C'est la troisième fois dans l'histoire de la Vème République qu'un Premier ministre est candidat aux législatives dans la foulée de sa nomination à Matignon.
Cela avait été le cas de Pierre Mauroy, en 1981, et de Michel Rocard, en 1988. Tous deux avaient été réélus avant d'abandonner leur siège à leur suppléant, comme le fera M. Fillon s'il l'emporte et est confirmé à son poste en cas de victoire de la majorité présidentielle.