Jésus, enjeu de campagne aux USA

Un article assez marrant:

Citation :

Un enjeu de la campagne US: où Jésus réapparaitra-t-il?


Le Christ réapparaitra-t-il à coup sûr sur le Mont des Oliviers, à Jérusalem? Ou alors peut-on défendre l'idée qu'il refera surface à Jackson County, dans le Missouri? La question est au coeur d'une polémique qui déchire une partie des républicains, les chrétiens fondamentalistes.

Mitt Romney a tout pour faire un parfait candidat républicain à la Maison Blanche. Beau gosse et sourire cristallin, il porte bien ses 60 ans. Il a une famille en or: une femme resplendissante et cinq garçons auxquels ses concurrents n’ont pas encore trouvé de tare secrète. Les "valeurs de la famille" constituent d’ailleurs pour l’instant l’essentiel de son programme. Sur l’avortement, le mariage homosexuel et la peine de mort, il est solidement ancré dans la droite conservatrice. Sur les sujets accessoires -la guerre en Irak, le nucléaire iranien, la crise des supbrime et la panne de croissance- il n’a pas d’avis tranché et encore moins de solution miracle. A ce stade, ce n’est pas un handicap majeur.

Cerise sur le gâteau, Mitt Romney est paré de ce vernis entrepreneurial qui sied au bon candidat républicain: désigné en 1999 patron du Comité d’organisation des Jeux Olymiques d’hiver de Salt Lake City, il a sauvé les Jeux de la banqueroute financière et des scandales de corruption pour en faire un succès relatif. Pour prendre les rênes du Comité, Romney disposait d’un atout majeur: il est mormon, ce qui ne compte pas pour rien dans la capitale de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.

Et pas un mormon de la dernière pluie: son grand-père avait dû s’exiler au Mexique à la fin du 19e siècle pour cause de polygamie. Depuis le retour de la famille aux Etats-Unis en 1912, les Romney sont de père en fils des prélats de l’Eglise. Et c’est là que ça coince. Le 20 septembre dernier, Mitt Romney, gouverneur sortant du Massachusetts, candidat à la nomination du "Grand Old Party" à la présidentielle, en tête des sondages, est interviewé par le Times de Londres:

"Juste pour mettre les choses au clair, demande le journaliste, croyez vous que Jésus Christ soit déjà venu aux Etats-Unis et reviendra dans le Missouri?"


Réponse:

"Je ne vais pas me séparer de ma foi. J’accepte les doctrines de mon Eglise et fais de mon mieux pour les respecter."


D’après le Livre des Mormons , un texte supposé dater du 4e siècle, le Christ aurait évangélisé "les Amériques". Et le pasteur Joseph Smith, fondateur de l’Eglise mormone, aurait reçu en 1831 un appel de Dieu lui enjoignant de se diriger vers le Missouri, dans le comté de Jackson, ou Jésus Christ devait faire son "second coming", sa réapparition.

Les premières communautés de Mormons se sont installées dans le coin autour du Pasteur Smith, avant d’être assez sévèrement persécutées -John Smith est battu à mort par une foule hostile en 1844- et de se réfugier sur les terres alors vierges de l’Utah, ou le culte mormon deviendra religion d’Etat.

Depuis lors, et c’est gravé dans le marbre du grand temple de Salt Lake City, le Christ doit faire son retour dans le Jackson County, Missouri, et nulle part ailleurs.

Si Mitt Romney s’en tient aux préceptes de sa foi, comme il l’affirme, il en est aussi convaincu que ses ouailles. Drapé dans ses "valeurs familiales", le candidat Romney devait naturellement pêcher -ou prêcher- dans les terres électorales de la droite religieuse, qui a réélu Bush en 2004, et est effrayée par les divorces répétés d’un Rudy Giuliani, ou l’inconstance d’un John Mc Cain.

Problème: les évangélistes sont eux aussi convaincus que le Christ doit réapparaître sur terre. Mais au Mont des Oliviers, à Jérusalem. Pas au fin fond du Missouri.

Ils ne sont pas contents, et le font savoir. Après tout, les mormons sont-ils de vrais chrétiens?

Le voilà qualifié d’apostat! Résultat: plusieurs sondages montrent que la part de l’électorat repoussée par la religion de Mitt Romney est supérieure à celle des électeurs repoussés par la couleur de la peau de Barack Obama...

Romney risque donc de le payer dès les primaires du New Hampshire. Et Giuliani essaie de retourner la droite religieuse à son profit. On ne lui a pas encore demandé ou le Christ est censé réapparaître.

Tiens, j'en profite pour mettre le lien d'un article traitant du coming-out athée de Pete Stark, un démocrate de la côte Ouest élu depuis 1973 qui aime s'acharner contre la politique belliciste de Bush.

--> http://www.sfgate.com/cgi-bin/article.cgi?file=/c/a/2007/03/14/MNG7BOKV111.DTL