La livraison du premier appareil de série a eu lieu hier avant une entrée en service dans dix jours.
JOUR de fête pour l'Airbus A 380. Hier, à Toulouse, le premier exemplaire de série était livré à la compagnie Singapore Airlines (SIA). Devant 550 invités - 250 journalistes, mais aussi des actionnaires du groupe EADS, les partenaires industriels, les clients, les hommes politiques de la région -, majestueusement tiré par un tracteur, le superjumbo s'est immobilisé devant le centre de livraison. En fait, c'est une mini-aérogare avec passerelles à double étage où sont reçus les principaux clients d'Airbus.
La manifestation, retransmise en direct dans le monde entier, avait de l'allure. Le soleil chaleureux, les jolies hôtesses, baptisées Singapore Girls, revêtues d'un sarong kabaya, costume traditionnel malais redessiné par le couturier Pierre Balmain, le champagne et les petits fours ont même presque réussi à faire passer au second plan l'« affaire » et ses soupçons de délit d'initiés.
Pas de nouveau retard
Arnaud Lagardère, dont le groupe est actionnaire d'EADS, est apparu souriant et décontracté. Il s'est volontiers entretenu avec les techniciens d'Airbus sur le tarmac devant les photographes avant de filer à l'anglaise pour éviter les micros. Même sérénité souriante chez Thomas Enders, président d'Airbus, et Fabrice Brégier, son directeur général. « Les suspicions qui planent sur certains sont désagréables et injustes, mais elles ne nous détournent pas de notre tâche. Les collaborateurs d'Airbus sont concentrés sur leurs objectifs opérationnels », explique ce dernier, évoquant le démarrage de l'A 350 et des nouveaux clients. « Cette journée est dédiée à Airbus, ses employés et Singapore Airlines », a insisté Thomas Enders. « Cet avion redonne le moral. Les problèmes sont derrière nous, mais il faut rester mobilisé pour livrer tous les A 380 dans le même état de maturité et de qualité optimale », renchérit Louis Gallois, président d'EADS, qui confirme le calendrier sans nouveau retard des livraisons. Airbus doit livrer 13 A 380 en 2008, 25 en 2009 pour atteindre la cadence de croisière de 45 avions à partir de 2010.
John Leahy, directeur commercial d'Airbus, table sur une accélération des ventes pour passer le cap des 200 appareils d'ici à la fin de l'année. Fabrice Brégier estime que le développement des flottes d'A 380 imposera une nouvelle façon de prendre l'avion. Dans deux ans, une nouvelle vague de commandes devrait se déclencher. Airbus espère alors convaincre les compagnies japonaises qui volent actuellement en Boeing.
« Avec la livraison d'aujourd'hui, nous ouvrons un nouveau chapitre dans l'histoire de l'aviation civile », s'est félicité Chew Choon Seng, patron de SIA, la compagnie de lancement qui a commandé 19 A 380. Le vol inaugural aura lieu le 25 octobre. Les billets avaient été vendus sur eBay. Le couple australien qui a accepté de payer 100 000 dollars pour être à bord de ce Singapour-Sydney était l'invité d'honneur de SIA à Toulouse.
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