EADS/Libye : "Pas d'intervention directe de l'Elysée"NOUVELOBS.COM | 04.08.2007 | 09:27
La négociation du contrat de vente des missiles Milan à la Libye a duré dix-huit mois et "il n'y a pas eu d'intervention directe de l'Elysée", a déclaré le directeur de la stratégie du groupe européen, qui a ajouté que "le contrat n'était absolument pas à l'ordre du jour de la visite du président Sarkozy en Libye".
La négociation du contrat de vente des missiles Milan à la Libye a duré dix-huit mois et "sur les dix-huit mois qui se sont écoulés, il n'y a pas eu d'intervention directe de l'Elysée", a déclaré le directeur du marketing et de la stratégie du groupe européen EADS Marwan Lahoud, samedi 4 août sur Europe 1.
"Il y eu évidemment du soutien qui a été accordé par les services de la délégation générale pour l'armement comme il se fait dans tous les contrats d'armement de cette nature", a-t-il poursuivi.
Marwan Lahoud a ajouté que "le contrat n'était absolument pas à l'ordre du jour de la visite du président (Nicolas) Sarkozy en Libye".
Il a aussi observé qu'"une visite présidentielle crée toujours un climat favorable" à la conclusion d'un contrat.
En réponse à une question, le responsable d'EADS a encore indiqué qu'il n'y avait "certainement pas" eu de donnant-donnant à la libération des infirmières bulgares contre une signature du contrat. "La question des infirmières est bien trop importante pour être mise en regard d'un contrat d'armement", a-t-il dit.
Aucun contrat signéMarwan Lahoud a répété que les contrats pour les missiles Milan et celui pour le système de communications Tetra "sont en négociations depuis plus de dix-mois" et qu'"aucun de ces deux contrats n'a été signé à ce jour".
"Le contrat Milan n'a pas été signé par le client. Aujourd'hui, il est finalisé, c'est à dire qu'il est prêt à être signé", a-t-il rappelé.
"Aujourd'hui, le contrat est dans les circuits administratifs libyens. Il n'y a eu aucune demande supplémentaire de la part des Libyens", a dit Marwan Lahoud. Interrogé sur une possible signature du contrat lors d'une éventuelle visite à Paris du chef d'Etat libyen à la rentrée, Marwan Lahoud a répondu n'en être "absolument pas informé".
"Aujourd'hui, les attentes du côté d'EADS et de MBDA, c'est que c'est une question de procédure administrative", a-t-il précisé.
EtonnementMarwan Lahoud a ajouté que le deuxième contrat, portant sur le système de communications Tetra, est "un petit peu moins en avance". "Nous avons négocié depuis un petit moins de dix mois, toutes les conditions sont réunies pour finaliser, mais nous n'avons pas finalisé encore formellement ce contrat", a-t-il dit.
Le dirigeant d'EADS s'est enfin dit "un petit peu étonné que l'on commente des contrats militaires non signés".
Un haut responsable libyen avait annoncé jeudi à Tripoli que son pays avait signé un contrat d'armement avec MBDA (filiale d'EADS, du britannique BAE Systems et de l'italien Finmeccanica) pour l'achat de missiles Milan à hauteur de 168 millions d'euros et conclu un deuxième contrat avec EADS pour un système Tetra de communication radio à hauteur de 128 millions d'euros.
"Sujet jamais abordé"Le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a affirmé que la possibilité d'une contrepartie à la libération des infirmières bulgares est un "sujet qui n'a jamais été abordé dans nos discussions", dans un entretien au Figaro samedi 4 août.
"Les négociations commerciales entre MBDA (ndlr, une filiale d'EADS) avec les autorités libyennes suivaient leurs cours depuis longtemps et nous ne sommes jamais intervenus pour en accélérer la conclusion", a-t-il déclaré.
"Je n'ai appris qu'après mes déplacement à Tripoli qu'une mission de MBDA séjournait dans la capitale libyenne depuis un mois", a précisé le secrétaire général de l'Elysée.
Interrogé sur une note de recherche émise par le juge Jean-Louis Bruguière pour la participation présumée du chef des services de sécurité du colonel Kadhafi, Moussa Koussa, à l'attentat du DC 10 d'UTA, Claude Guéant a affirmé qu'il ne fait "l'objet d'aucune fiche de recherche".
Plus d'embargo depuis 2004"Il vient souvent en France, à un rythme trimestriel, pour rencontrer ses homologues", selon lui. "Je l'ai reçu deux ou trois fois quand j'étais au ministère de l'Intérieur. La dernière fois, c'était (...) quelques jours avant l'installation de Nicolas Sarkozy à l'Elysée", a-t-il ajouté.
"Il était venu me dire de la part de M. Kadhafi que celui-ci souhaitait établir avec la France des relations plus soutenue", a expliqué Claude Guéant. "C'est à ce moment-là que nous avons pensé que le dossier des infirmières bulgares pouvait évoluer", a-t-il souligné, rappelant que d"'emblée, je lui avais dit que le règlement de ce dossier était un préalable à tout rapprochement".
Concernant la réhabilitation du beau-frère du colonel Kadhafi, Abdallah Senoussi, condamné en France à la prison à perpétuité dans l'attentat contre le DC 10, en échange de la libération des infirmières bulgares, le secrétaire général de l'Elysée a jugé que cela est "absurde".
"La justice en France est indépendante. Les pouvoirs publics ne peuvent rien faire pour modifier une décision de justice", a-t-il affirmé.
Enfin, sur la mise à disposition de la technique du nucléaire civil "entre les mains d'une dictature" comme l'affirme l'opposition en France, Claude Guéant a rappelé que "la Libye n'est plus sous embargo depuis 2004 et souhaite réintégrer la communauté internationale".
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Bref, pour vendre des armes a Khadafi, EADS se passe de l'avis de l'Elysee ...