karg se 2è avertissement
Nombre de messages : 3119 Age : 41 Localisation : Cestas Personnage politique préféré : AWESOM Ô 4000 Parti politique affilié : MDUE: Mouvement Gauchiste Ultralibéral Evolutioniste Date d'inscription : 19/05/2007
| Sujet: Confession d'un ancien libertarien Sam 16 Juin - 23:59 | |
| trouvé sur avox: - Citation :
- Je pourrais même rajouter approche
axiomatique normative contre toute forme d’empirisme...tout ce discours emprunté à Mises, Rothard, Any Rand, Hoppe et j’en passe, je pouvais moi-même le tenir à mes propres étudiants en économie lorsque j’étais chargé de cours, tant j’étais très influencé par tous ces auteurs et toutes ces idées. Pour autant toutes ces idées très riches intellectuellement ont une conséquence: déligitimer toute intervention de l’Etat dans l’économie et la société. J’ai adhéré à cela à une époque. Mais j’ai eu un vrai choc en allant aux Etats Unis en surtout en Grande Bretagne, qui ne sont pas des pays de l’idéal libertarien, je vous l’accorde. Pour autant ils ont insuflé des politiques libérales bien plus prononcées que chez nous. En passant du temps en Grande Bretagne et en visitant avec des amis acteurs sociaux dans ce pays, les régions où ne vont jamais les touristes (et même les anglais aux-mêmes), j’ai pu mesurer les conséquences humaines parfois dramatiques d’un libéralisme trop idéologique sur une société désormais profondément fracturée, que même le réinvestissement public depuis les années Blair n’a su corriger. Cela m’a fait sortir le nez de mes bouquins de l’école autrichienne et m’a obligé à reconsidérer toute la logique du raisonnement économique qui a conduit à cette situation. Y compris à réfléchir à nouveau sur les fondements épistémologiques. Tous ces penseurs restent toutefois intéressants sur les effets pervers d’un interventionnisme de l’Etat. J’ai eu aussi grand intérêt à rencontrer Hernando de Soto qui a su aider les plus pauvres à sortir de la pauvreté par son approche originale du capital mort, et qui mériterait sans doute le prix nobel. Toutefois, je suis aujourd’hui un pragmatique et non un idéologue, c’est ce que je reproche beaucoup aux libéraux et libertariens. Pour eux peu importe les conséquences, notamment humaines, seul compte le respect de la logique rationnelle du raisonnement économique qui pour eux est forcément vrai, "apodictiquement vrai" selon l’expression chère aux autrichiens. En tant qu’être humain et en tant que chrétien, il y a des limites que ma conscience ne peut supporter, sauf à chercher à justifier l’injustifiable. Bien cordialement
Christophe Arvis | |
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zongo Conseiller
Nombre de messages : 2310 Age : 51 Localisation : Rlyeh Personnage politique préféré : Enrico Macias Parti politique affilié : Qu'importe le parti du moment qu'on baise Date d'inscription : 19/05/2007
| Sujet: Re: Confession d'un ancien libertarien Dim 17 Juin - 0:13 | |
| Super témoignage, très humain dans le fond. C'est marrant parce que je trouve qu'actuellement la mode est de déserter la gauche pour rallier un individualisme forcené. Là, il se trouve que c'est l'inverse. C'est encourageant.
Je trouve qu'il y a un certain fond de nihilisme dans la pensée anarcho-capitaliste mais je n'arrive pas encore à mettre les mots dessus. Et profondément dogmatique surtout. C'est vrai que cette théorie du droit repose sur des axiomes qui sont autant de prises de positions philosophiques peu soucieuses de la réalité des choses.
On pourrait faire le même constat avec le communisme et l'anarchisme si ces deux courants n'étaient aussi profondément ancrés dans le réel. Leur source se trouve dans des évènements historiques tels que 1789, 1848, la commune de Paris, l'Espagne de 1936, l'Ukraine makhnoviste, la nouvelle vague libertaire trouvant ses sources à Berkeley dans le milieux des années 1960 (dont les résultantes sont entre autres mai 68 ou le mouvement des provos en Hollande), etc. C'est la pratique de la lutte des classes qui a conditionné les théories anarchistes et communistes et non l'inverse.
D'ailleurs il est difficile de comparer le libéralisme radical à l'anarchisme et au communisme dans le sens où le libéralisme - selon ses zélateurs - est uniquement une théorie du droit alors que les deux autres courants débordent largement le cadre du droit et de l'éthique, qui ne sont que des résultantes de principes plus vastes.
Bon, je vais arrêter de prêcher pour ma paroisse pour ne pas détourner la discussion du sujet posté par Karg Se. J'aimerais vraiment avoir le point de vue des libéraux de ce forum sur ce témoignage. | |
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