La Syrie sur la pente iranienne

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Isolée et menacée par les Etats-Unis en application de la politique cynique du président George Bush, la Syrie présente à maints égards des similitudes croissantes et inquiétantes avec l’Iran et l’Irak.

Nation au patrimoine d’une richesse exceptionnelle, qui vit naître la première ville et le premier alphabet de l’histoire de l’humanité, où se mêlent des influences grecque, romaine, chrétienne, islamique dans une réelle culture laïque, dernier endroit où, dans certaines communautés, est encore parlé l’araméen, la Syrie, à l’image de l’Irak des années plus tôt, régresse vers l’intolérance et l’uniformisation islamiste. Le régime syrien était une dictature de fer du temps d’Hafez el-Assad et elle l’est encore sous le règne de son fils Bachar mais les Syriens, tranquilles et cultivés, souvent francophones à Alep ou à Damas, qu’ils soient commerçants urbains ou bédouins du désert, accordent à Assad, quoi qu’on en dise, d’une grande popularité... et ne se sont jamais plaint de ne pas pouvoir boire du Coca-Cola. C’est d’ailleurs sans doute cela qui explique les évolutions actuelles.

On apprend en effet que le président syrien, en échange d’aides financières et d’une alliance stratégique, est en train de saper progressivement les fondements cosmopolites et laïques de son pays au profit de l’islamisme chiite iranien. Téhéran a accordé, en 2006, eviron 3 000 bourses à des étudiants syriens, pour qu’ils puissent poursuivre leur cursus dans des universités et des académies militaires iraniennes. C’est quinze fois plus qu’en 2001. Inversement, par centaines, des sociétés et des banques iraniennes implantent des filiales en Syrie, au point que l’Iran est devenu le deuxième partenaire commercial de Damas, derrière l’Union européenne. Assad a également autorisé 42 associations « caritatives » à opérer en Syrie, exactement sur le modèle du Hezbollah au Liban : en échange de la distribution de soins et d’aides sociales en tous genres, les populations reçoivent l’enseignement des islamistes et grossisent les rangs des candidats à la radicalisation puis, demain, au terrorisme. Autre fait significatif : les radios et télévisions iraniennes sont les seules à pouvoir être captées en Syrie en dehors des médias officiels.

Le front commun irano-syrien, assorti de tous les signes de rapprochement dont il vient d’être fait état, n’est que le produit de la politique américaine au Moyen-Orient. Les autorités américaines conservent le projet d’en découdre avec l’Iran et la Syrie comme ils l’ont fait avec l’Irak mais attendent que la fermentation du radicalisme islamique soit assez avancée pour mettre en évidence une menace. Ce jeu-là, c’est la Syrie qui en fera les frais car Téhéran pourra encore rendre des services aux Etats-Unis : parfait épouvantail, l’Iran doit demeurer l’alibi commode des néo-conservateurs pour justifier leur remodelage insensé de la région.


Isidore MONTEUUIS

Isidore Monteuuis a écrit:

On apprend en effet que le président syrien, en échange d’aides financières et d’une alliance stratégique, est en train de saper progressivement les fondements cosmopolites et laïques de son pays au profit de l’islamisme chiite iranien.

Il est clair que Bachar el-Assad va aisément imposer "l'islamisme chiite iranien" à une population comportant 75% de sunnites et 10% de chrétiens. Blague à part, les chrétiens comptent parmi les plus fervents défenseurs de l'actuel régime syrien du fait du climat de tolérance religieuse qui règne dans ce pays. L'islamisme n'est vivace que dans la région de Hama et cela n'a rien de nouveau: Assad père n'hésita pas à bombarder cette ville lorsque les Frères musulmans fomentèrent une insurrection. Le principal problème social que connaît actuellement la Syrie est le flux croissant de réfugiés irakiens fuyant cette formidable terre de paix, de liberté et de démocratie qu'est devenue l'Irak.

Bachar al assad qui vient de la minorité alaouite a tout interet à ce que les autres minorités comme les chrétiens le soutiennent !
De toute facon il suffit de voir comment ces 2 pays utilisent le hezbollah pour savoir qu'ils jouent le meme jeu ...